Mode et Consommation Responsable
Mode et Consommation Responsable
Derrière les symboles de légèreté, de plaisir et de désir que véhiculent les marques de prêt à porter il existe une autre réalité : l’industrie textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde. Et, même si les consciences s’éveillent peu à peu, il est important que nous, consommateurs, militions pour une mode plus durable. Alors quelles sont les pistes pour mieux consommer, réduire notre impact environnemental et ainsi protéger notre planète ? Comment s’y retrouver quand les actions de greenwashing se multiplient ? Quelles différences y’a t’il entre upcycling et recyclage ? Qu’est-ce qu’une marque de slow fashion ? Décryptage.
La seconde main oui mais…
Consommer en seconde main est en soi une bonne idée car on réduit l’impact environnemental des vêtements et en plus on fait des économies. Pour ceux qui aiment chiner, ils existent des magasins physiques comme Emmaüs ou des friperies traditionnelles comme Trafic, Blue Madone, Everso ou La garde robe de Marie Claire B sur Bordeaux. Mais beaucoup préfèrent faire leur shopping derrière leur ordinateur. Nous sommes ainsi nombreux à être inscrits sur des sites comme Vinted, Videdressing, Vestiaire collective ou Il était plusieurs fois pour la mode enfantine.
Mais attention, l’achat/revente en ligne a ses limites. Selon une étude réalisée par Vestiaire Collective, 30% des vendeurs se séparent de leurs biens dans l’unique but de s’en acheter de nouveaux. Vendre pour racheter ne va sûrement pas nous aider à réduire notre empreinte carbone. On peut malheureusement faire un parallèle entre les plateformes de seconde main et les enseignes de fast fashion dont le but ultime reste le même : le renouvellement permanent des vêtements de l’industrie de masse. D’ailleurs, faites attention aux sites de seconde main d’enseignes enfantines comme Seconde Histoire d’Okaïdi ou Jacadi Seconde Vie qui proposent de vous reverser le montant de vos ventes en bons d’achat à utiliser auprès de l’enseigne en question. L’idée ? Vous faire racheter et racheter encore.
Privilégiez plutôt le troc, c’est une solution intéressante qui permet d’échanger gratuitement des vêtements sans impact pour notre planète. Autre option : la location. Des sites comme Une robe un soir ou Les cachotières sont parfaits pour trouver la robe qui fera la différence pour un mariage ou une soirée chic. Et oui on peut être belle sans acheter 😉
Misez sur l’upcycling
L’upcycling ou comment donner un seconde vie aux vêtements en les transformant gagne du terrain. Cette tendance à la mode circulaire émerge peu à peu, même si elle existe depuis bien longtemps. En 1989, Martin Margiela avait réalisé un défilé avec des vêtements fabriqués à partir de sacs plastiques. Une véritable révolution pour l’époque.
L’upcycling ne doit pas être confondu avec le recyclage qui consiste à détruire des produits pour en récupérer une matière première réutilisable. L’upcycling est une forme de recyclage mais le recyclage n’est pas forcément de l’upcycling vous me suivez ? Derrière la notion d’upcycling on donne de la valeur à un tissu, un vêtement, le produit transformé va gagner en style ou en fonctionnalité. On réinvente le produit en lui donnant une nouvelle vie tout en respectant l’environnement, l’upcycling étant écologique car il ne nécessite pas de processus industriel chimique lourd.
Certaines marques sont devenues des spécialistes de l’upcycling comme Reformation, pionnière dans le domaine. La marque américaine utilise des matières existantes qu’elle recycle et a lancé un programme de recyclage pour permettre à ses clients de renvoyer leurs vieux vêtements. Autre belle initiative celle de Tilli qui propose des services de customisation, de réparation et de retouche grâce à un écosystème de couturiers, modélistes et brodeurs. Tilli valorise les vêtements ou tissus que vous n’utilisez plus, un très bon moyen de se créer de nouveaux vêtements personnalisés et uniques. L’upcycling s’impose donc autant comme un vrai remède écologique qu’une source de créativité infinie. Alors si vous aussi, vous savez coudre et que vous avez un peu d’imagination, n’hésitez pas à réinventer certaines pièces de votre garde-robe ;).
Evitez les pièges
Attention au greenwashing ! Mais qu’est-ce que c’est au juste ? Le greenwashing consiste à utiliser l’argument écologique pour vendre un produit alors que le bénéfice du produit pour l’environnement est minime voir inexistant. C’est en somme de la publicité mensongère utilisée en général par des grandes enseignes qui polluent beaucoup et qui cherchent à redorer leur image grâce à des actions de communication.
Concrètement, elles utilisent des promesses disproportionnées, des faux labels, des images ou un champ lexical green ou écologique pour induire le consommateur en erreur. Ainsi, les enseignes de fast fashion comme Asos, H&M ou Zara, se sont lancées ces dernières années dans la commercialisation de collections capsules marquetées green. Mais en regardant de plus près les étiquettes de la ligne Conscious d’H&M, on s’aperçoit vite qu’elles ne sont pas aussi transparentes qu’elles le devraient. Prenons également le cas d’Asos, dont la collection circulaire ne représente en fait moins de 1% des produits de la marque. Et Zara, accusée d’exploitation des Ouïghours mais qui se veut responsable et continue de lancer des centaines de nouvelles créations par semaine en boutiques.
Gardez bien en tête qu’aucune marque de fast fashion n’est et ne sera responsable car leur modèle économique est caractérisé par un renouvellement permanent des collections qui continue de pousser à la surconsommation. Une mode jetable, qui vend des t-shirts à 5 euros, n’est en aucun cas une industrie responsable.
Repérez les labels
Pour éviter de tomber dans les pièges du greenwashing rien de mieux que de se fier à des labels. De nombreux labels sont apparus ces dernières années, voici un petit aperçu de ceux qui sont les plus couramment utilisés.
Tout d’abord, le plus connu, le label international Oeko Tex standard 100 qui est en fait une certification et qui atteste que le produit ne contient pas de produits chimiques nocifs pour la santé. C’est un label fiable mais il certifie aussi les matières synthétiques et donc parfois polluantes. Il est aussi décliné dans sa version Made in Green by Oeko Tex. En plus d’assurer que les textiles ne sont nuisisbles pour la santé, ce label assure également que les produits sont fabriqués de manière durable et responsable (un QR code de traçabilité permet d’obtenir toutes les informations sur la fabrication du produit).
Le label international Gots certifie quant à lui de l’origine biologique d’un textile qui doit être composé d’un minimum de 70% de matière biologique. Il garantit en plus un mode de production socialement responsable et applique des exigences de qualité. C’est le label le plus fiable de l’industrie textile.
Le label Ecocert offre des garanties à 3 niveaux : une garantie environnementale (le produit textile doit être composé au minimum de 70% de fibres naturelles ou issues de matières recyclées), une garantie sociale (relative aux conditions de travail d’hygiène et de sécurité) et de protection du consommateur (garantie de traçabilité d’un produit pour le consommateur et assurance d’aucune substance chimique).
Enfin, l’Ecolabel Européen évalue l’impact environnement d’un produit de sa conception à son utilisation jusqu’à son recyclage. Il requiert par exemple de traiter les eaux usées ou d’améliorer les consommations d’énergie. Il interdit également certaines substances nocives mais n’offre aucune garantie sociale.
Favorisez les marques de slow fashion
Une alternative à la fast fashion existe : de nombreuses marques plus confidentielles et engagées naissent chaque jour pour redonner un sens à la mode. Parmi elles, Atelier Unes qui communique en toute transparence sur l’impact environnemental de ses vêtements. Ainsi, 60% des collections sont conçues en matières biologiques, les 40% restants à partir de matières recyclées ou upcyclées. Pas mal non ? La marque de prêt-à-porter Mister K mise quant à elle sur un vestiaire engagé avec peu de pièces mais des coupes bien pensées dont on ne se lasse pas. L’idée est d’utiliser un maximum de stocks dormants de tissus des marques de luxe pour les transformer en produits qualitatifs, disponibles en majorité en précommande pour éviter tout stock inutile. Et, quand on sait qu’il faut 8000 litres d’eau en moyenne pour faire un jean, on comprend vite l’intérêt de se tourner vers une marque de jean écoresponsable. C’est le cas de 1083. Cette marque éthique utilise du coton bio certifié GOTS ou du coton recyclé, et fabrique ses jeans exclusivement en France. 1083 va même plus loin et a décidé de créer le premier jeans recyclé, consigné et recyclable à l’infini. Une belle idée, non ?
Ces marques engagées ont plusieurs points communs. Elles ne font jamais de soldes, évitent les intermédiaires, proposent des collections uniquement digitales et travaillent avec des fournisseurs proches. Un gage de qualité. Elle s’inscrivent toutes dans une logique de slow fashion, une mode conçue pour durer, qui oppose la qualité à la quantité (de la fast fashion) et qui favorise donc une consommation plus responsable. Vous souhaitez en découvrir d’autres ? Je vous donne rendez-vous sur des plateformes comme Wedressfair, Dream Act, Dressing Responsable ou Slow we are qui répertorient de nombreuses marques responsables.
Pour conclure, si les marques parfaitement durables n’existent pas, à nous d’être vigilant sur nos achats et favoriser les marques qui font de réels efforts. Pour cela, nous nous devons d’être curieux et de nous informer sans cesse pour déjouer les pièges marketing. Mais avant tout, la première bonne action que nous pouvons entreprendre est sans doute de revoir notre consommation. Avant un achat, demandez-vous : en ai-je vraiment besoin ? Il faudrait en moyenne acheter 5 vêtements par an et par personne pour protéger notre planète. Notre consommation annuelle en France est de 42 pièces ! Ça fait réfléchir non ? Alors si la solution au final n’était pas de commencer à acheter moins tout simplement.
Acheter moins, choisir mieux et faire durer, voici l’essence même d’une mode plus responsable.