Mode et Politique : Décryptage des looks en politique

Mode et Politique : Décryptage des looks en politique

Dans le monde politique, encore plus qu’ailleurs, le message passe les mots bien sûr mais aussi par la communication non verbale. D’autant plus que nous vivons dans un monde ultra connecté, où les images prennent souvent le pas sur les légendes. Ainsi, la gestuelle, la posture mais aussi les vêtements sont de moyens de communication puissants. Le style est donc bien plus qu’une question de goût, c’est un outil de persuasion aussi puissant que n’importe quel discours. Décryptage.

Mode et Politique : Décryptage des looks en politique

Un univers très codifié

Le vestiaire en politique est très codifié car c’est un monde très conservateur, bien plus que la société en général. Le costume cravate de couleur sombre pour les hommes est ainsi la tenue de référence en politique. Cela dit, si l’on regarde tout cela avec attention, on s’aperçoit qu’il y a des vraies différences entre les partis politiques par exemple.

C’est ainsi que l’on associe souvent le costume cravate comme symbole d’une droite traditionnelle alors que la barbe, les lunettes et les tenues plus décontractées sont généralement associées à l’univers de la gauche. Ces distinctions, bien que subtiles, envoient des messages codés aux électeurs.

Quant au Rassemblement National, ils misent tout sur la cravate. Marine Le Pen utilise en effet cet accessoire comme véritable outil dans sa stratégie dédiabolisation du parti. Elle impose donc le port de la cravate à tous ses élus. L’objectif ? Donner l’image d’un parti respectable.

Jouer avec les codes

Dans cet univers très formel, gare à ceux qui sortent du rang. Nous avons tous l’exemple de François Hollande, raillé pour ses cravates de travers et ses costumes mal ajustés. Son style vestimentaire incertain a tellement pollué son début de quinquennat que son message ne passait plus : il a dû revoir son style.

A contrario, d’autres hommes politiques ont pris quelques libertés et le pari s’est révélé gagnant. C’est le cas de Barack Obama qui s’est détaché, à certaines occasions, de la cravate, donnant une image d’un homme plus accessible, proche du peuple, insufflant ainsi une certain renouveau et une grande modernité.

Car c’est bien en sortant de ce qui se fait habituellement que l’on peut porter un message fort. C’est l’exemple de la fameuse veste verte de Marine Tondelier. Grâce à sa veste de blazer, la candidate écologiste a pu se démarquer et gagner en visibilité. Comment ? Grâce à sa teinte subtilement choisie. C’est le petit détail qui a fait toute la différence. Marine Tondelier est en effet restée dans ses codes politiques en portant une veste de blazer, de couleur verte, mais elle a amené sa différence, avec un vert pomme qui attire l’attention. En portant régulièrement cette veste, la candidate a renforcé son message et a pu se construire en peu de temps, une image forte et impactante.

Le bleu règne en maitre

S’il y avait une couleur pour représenter la vie politique française ce serait bien le bleu. Le bleu est une couleur politique de longue date. Dès le XIème siècle, cette couleur est associée à la tradition et à l’ordre, c’est aussi celle du « manteau de la vierge Marie », qui devient progressivement une couleur royale.

Le bleu c’est le symbole de la France. Elle est sur notre drapeau, mais aussi sur les maillots de l’équipe de France qu’on appelle d’ailleurs les bleus. C’est vraiment la couleur patriotique par excellence.

De même, le bleu est la couleur préférée des Français (et même au-delà, en Occident), ce qui la rend consensuelle. On ne fait pas de vague avec le bleu. Notre attrait pour cette couleur tient aussi du fait qu’elle nous parle d’évasion, c’est la couleur du ciel, de la mer mais aussi le symbole de nos vacances.

Le bleu est donc très porté en politique et surtout le bleu marine. Mais pourquoi spécifiquement cette nuance ? Car elle renvoie à une certaine respectabilité, une certaine autorité aussi mais aussi et surtout à une non-ostentation, ce qui est essentiel en politique.

L’uniforme des hommes et femmes politiques

Le costume cravate de couleur bleue ou sombre est la tenue de référence pour les hommes en politique. Même si la question de la cravate se pose toujours. Ce petit bout de tissu fait en effet régulièrement parler de lui dans le monde politique. En 2017, les députés Insoumis, rentrés sans cravate au Palais Bourbon en signe de contestation ont provoqué un véritable scandale. Aujourd’hui, le port de la cravate n’est plus règlementaire mais continue de faire débat à l’Assemblée. Avec ou sans cravate, le consensus sur la tenue idéale persiste mais force est de constater : nos hommes politiques ont peu de marge de manœuvre.

Pour les femmes, c’est nettement plus compliqué : elles doivent être féminines mais pas trop, élégantes mais pas sexy, et au moindre fashion faux pas, tout le monde en parle. La question du style chez les femmes est plus complexe car elles ont un vaste choix pour se vêtir, il n’y a donc pas une tenue spécifique qui est considérée comme la tenue élégante par excellence. De plus, les hommes, en France, sont en politique depuis bien plus longtemps que les femmes, donc il y a une vraie habitude qui s’est créé, il y a une coutume du vêtement. Pour les femmes, qui sont arrivées plus tard en politique, tout est à créer.

La question de la féminité

Les femmes ont toujours dû se battre pour imposer leurs choix. On se rappelle tous de Michèle Alliot Marie en 1972 arrivant à l’Assemblée Nationale vêtue d’un pantalon se faisant arrêter par un huissier ne voulant pas la laisser rentrer. Elle lui aurait rétorqué : « Si c’est mon pantalon qui vous gêne, je l’enlève dans les plus brefs délais. » Et même si son audace fut payante (le pantalon fut ensuite autorisé dans l’Hémicycle), la question du vestiaire féminin idéal est toujours d’actualité.

On peut en effet évoquer l’exemple de Cécile Duflot, en 2012, huée à l’assemblée pour sa robe à fleurs. De même, Marlène Schiappa, fut aussi beaucoup critiquée pour sa féminité exacerbée, ses décolletés et ses cheveux longs détachés. Beaucoup de femmes ont d’ailleurs, et ce depuis de nombreuses années, cherché à masculiniser leur apparence dans un seul et unique but : se légitimer.

D’autres femmes, au contraire, on fait de leur féminité une force. Ainsi, Roselyne Bachelot qui adore la mode fait preuve de beaucoup d’audace avec ses tailleurs de couleurs vives et ses broches originales. Kamala Harris, quant à elle, n’a pas hésité à construire un véritable power dressing moderne et féminin, composé de tailleurs-pantalons colorés, d’escarpins à bouts pointus et de colliers de perles.

Les mentalités évoluent favorablement depuis quelques années, surtout depuis le mouvement #metoo, mais un long chemin reste à parcourir pour qu’enfin les tenues vestimentaires des femmes soient mises au même plan que celles de leurs homologues masculins. Les femmes l’ont bien compris et certaines d’entre elles continuent leur combat pour un futur plus égalitaire.

Pour conclure, le vêtement devient plus politique que jamais. Il fédère, mobilise ou au contraire décrédibilise. Amusez-vous à décrypter et à analyser le style de nos femmes et hommes politiques : vous y découvrirez des messages silencieux mais révélateurs sur leurs intentions et leurs personnalités. Plus que jamais, l’habit fait l’homme et la femme politique.

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